Mme Dhouha M’BAZAA
Soutiendra lundi 8 décembre 2025 à 14 h
Salle Kouros à l’Université de Montpellier Paul-Valéry, Site Saint-Charles 2
une thèse de DOCTORAT
Discipline : Sociologie
Titre de la thèse : Héritage artisanal arabo-andalou contemporain en Espagne et en Tunisie. Étude sociologique comparative de la pratique sociale et de la perception de ses valeurs esthétiques
Composition du jury :
- M. Denis FLEURDORGE, Professeur, Université de Montpellier Paul-Valéry, directeur de thèse
- M. Frédéric GIMELLO-MESPLOMB, Professeur, Avignon Université
- Mme Frédérique MALAVAL, Professeure, Université de Montpellier Paul-Valéry
- Mme Antigone MOUCHTOURIS, Professeure émérite, Université de Lorraine
Résumé de la thèse :
Face à la profusion d'écrits consacrés au phénomène andalou et à son héritage culturel qui attire un très grand nombre de visiteurs, notre recherche s'est proposée d'entreprendre un voyage analytique et comparatif afin de tenter une clarification des raisons profondes de cet émerveillement collectif. L'observation concrète des artefacts et des monuments hérités de la civilisation arabo-andalouse, la mise en regard de deux territoires de mémoire de cette civilisation - l'Espagne où elle est née et la Tunisie qui l’a accueillie en même temps que d’autres pays rappelons-le -, a permis de mettre en lumière le degré d'intégration identitaire et émotionnelle de cet héritage dans les cultures contemporaines des deux sociétés. Cette appropriation, loin d'être un simple fait historique et social, organise des émotions patrimoniales et nourrit une fascination partagée : celle que les visiteurs éprouvent devant la beauté, la singularité et la charge mythique de ces traces.
L'analyse des mécanismes de cette fascination, replacée dans le contexte des sociétés globalisées et sécularisées d'aujourd’hui, a révélé la formation de plaisirs esthétiques spécifiques : ceux qu'éprouve le regardeur devant une œuvre ancienne, témoin d'une civilisation révolue mais encore agissante par son pouvoir évocateur. L'étude des énoncés des acteurs sociaux, notamment des visiteurs et des artisans, a mis en évidence la prégnance du contexte socio-culturel dans la construction de la valeur esthétique attribuée à ce matériel patrimonial souvent classé dans la catégorie de l'art populaire ou de l'exotisme.
Ce travail, à la croisée de la sociologie de la culture, de la muséologie et de l'esthétique, se propose d’être une contribution à la reconnaissance de la valeur esthétique du patrimoine arabo-andalou. Une valeur dont la définition, depuis Alexander Baumgarten jusqu'aux penseurs contemporains de l'esthétique, n'a cessé d'être redéfinie, confirmant que l'émotion esthétique reste une expérience vivante, toujours en mouvement, au cœur du rapport de l'homme à l’histoire, à sa culture et à son présent .
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Faced with the profusion of writings devoted to the Andalusian phenomenon and its cultural legacy, an enduring source of fascination that attracts a great number of visitors, this research undertook an analytical and comparative journey aimed at clarifying the deeper reasons behind this collective wonder. Through the concrete observation of artifacts and monuments inherited from the Arab-Andalusian civilization, and by examining two territories of memory of this civilization - Spain, where it was born, and Tunisia, which received its heirs among others - we have sought to illuminate the degree of identity-based and emotional integration of this heritage within the contemporary cultures of both societies.
This process of appropriation, far from being merely historical or social, shapes heritage-related emotions and sustains a shared fascination, one that visitors experience in front of the beauty, uniqueness, and mythical aura of these traces.
The analysis of the mechanisms underlying this fascination, situated within the context of today’s globalized and secularized societies, has revealed the formation of specific aesthetic pleasures: those experienced by the observer when contemplating ancient works that bear witness to a bygone civilization, yet continue to act through their evocative power. The study of discourses from social actors, particularly visitors and artisans, has highlighted the determining influence of socio-cultural context in constructing the aesthetic value attributed to this material heritage, which is often classified under the categories of folk art or exoticism.
Positioned at the crossroads of cultural sociology, museology, and aesthetics, this research aims to contribute to the recognition of the aesthetic value of Arab-Andalusian heritage, a value whose definition, from Alexander Baumgarten to contemporary aesthetic theorists, has been constantly re-examined. This ongoing redefinition confirms that aesthetic emotion remains a living, dynamic experience, at the very heart of humanity’s relationship to history, culture, and the present.